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rades ! Non kaput ! » Ils tremblaient d’être massacrés sur place. Loin de leurs officiers et affranchis de la discipline, ils avaient perdu subitement toute leur fierté. L’un d’eux se réfugia à côté de Marcel, se colla presque contre lui ; c’était l’infirmier barbu qui lui avait fait payer si cher quelques morceaux de pain.

Franzosen !… Moi ami des Franzosen ! répétait-il, pour se faire protéger par la victime de son impudente extorsion.

Après une mauvaise nuit passée dans les ruines de son château, Marcel se décida à partir. Il n’avait plus rien à faire au milieu de ces décombres. D’ailleurs la présence de tant de morts le gênait. Il y en avait des centaines et des milliers. Les soldats et les paysans travaillaient à enfouir les cadavres sur le lieu même où ils les trouvaient. Il y avait des fosses dans toutes les avenues du parc, dans les plates-bandes des jardins, dans les cours des dépendances, sous les fenêtres de ce qui avait été les salons. La vie n’était plus possible dans un pareil charnier.

Il reprit donc le chemin de Paris, où il était résolu d’arriver n’importe comment.

Au sortir du parc, ce furent encore des cadavres qu’il rencontra ; mais malheureusement ils n’étaient point vêtus de la capote verdâtre. L’offensive libéra-