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gris déguerpirent en se faufilant à travers les arbres ; mais ils ne réussirent pas tous à s’échapper, et les balles des vainqueurs arrêtèrent pour jamais beaucoup de fugitifs.

Presque aussitôt après, un gros de cavalerie française passa sur le chemin. C’étaient des dragons qui venaient achever la poursuite ; mais leurs chevaux étaient exténués de fatigue, et seule la fièvre de la victoire, qui semblait se propager des hommes aux bêtes, leur rendait encore possible un trot forcé et douloureux. Un de ces dragons fit halte à l’entrée du parc, et sa monture se mit à dévorer avidement quelques pousses feuillues, tandis que l’homme, courbé sur l’arçon, paraissait dormir. Quand Marcel le secoua pour le réveiller, l’homme tomba par terre : il était mort.

L’avance française continua. Des bataillons, des escadrons remontaient du bord de la Marne, harassés, sales, couverts de poussière et de boue, mais animés d’une ardeur qui galvanisait leurs forces défaillantes. Quelques pelotons de fantassins explorèrent le château et le parc, pour les nettoyer des Allemands qui s’y cachaient encore. D’entre les débris des appartements, de la profondeur des caves, des bosquets ravagés, des étables et des garages incendiés surgissaient des individus verdâtres, coiffés du casque à pointe, et ils levaient les bras en montrant leurs mains ouvertes et en criant « Kamarades !Kama-