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pavillon et de jeter bas un pan de muraille. Par l’ouverture béante, l’intérieur des chambres apparaissait comme un décor de théâtre.

Il revint en courant vers le château, pour se réfugier dans les profonds souterrains qui servaient de caves, et, lorsqu’il fut sous leurs sombres voûtes, il poussa un soupir de soulagement. Peu à peu, le silence de cette retraite lui rendit la faculté de l’ouïe. En haut la tempête continuait ; mais en bas le tonnerre des artilleries adverses ne parvenait que comme un écho amorti.

Toutefois, à un certain moment, les caves elles-mêmes tremblèrent, s’emplirent d’un énorme fracas. Une partie du corps de logis, atteinte par un gros obus, s’était effondrée. Les voûtes résistèrent à la chute des étages ; mais Marcel eut peur d’être enseveli dans son refuge par une autre explosion, et il remonta vite l’escalier des souterrains. Lorsqu’il fut au rez-de-chaussée, il aperçut le ciel à travers les toits crevés ; il ne subsistait des appartements que des lambeaux de plancher accrochés aux murs, des meubles restés en suspens, des poutres qui se balançaient dans le vide ; mais il y avait dans le hall un énorme entassement de solives, de fers tordus, d’armoires, de sièges, de tables, de bois de lit qui étaient venus s’écraser là.

Un anxieux désir de lumière et d’air libre le fit sortir de l’édifice croulant. Le soleil était haut sur