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pour rendre inoffensifs les résidus de l’orgie nocturne. Un peu plus tard, il arriva aussi des femmes vêtues de blanc, viragos aux yeux bleus et aux cheveux en filasse. D’aspect grave, dur, austère, ces infirmières avaient l’aspect de religieuses ; mais elles portaient le revolver sous leurs vêtements.

À midi, de nouvelles automobiles affluèrent en grand nombre vers l’énorme drapeau blanc, chargé d’une croix rouge, qui avait été hissé sur la plus haute tour du château. Ces voitures arrivaient toujours du côté de la Marne ; leur métal était bosselé par les projectiles, leurs glaces étoilées de trous. De l’intérieur sortaient des hommes et des hommes, les uns encore capables de marcher, les autres portés sur des brancards : faces pâles ou rubicondes, profils aquilins ou camus, têtes blondes ou enveloppées de bandages sanglants, bouches qui riaient avec un rire de bravade ou dont les lèvres bleuies laissaient échapper des plaintes, mâchoires soutenues par des ligatures de toile, corps qui, en apparence, étaient indemnes et qui pourtant agonisaient, capotes déboutonnées où l’on constatait le vide de membres absents. Ce flot de souffrance inonda le château ; il n’y resta plus un seul lit inoccupé, et les derniers brancards durent attendre dehors, à l’ombre des arbres.

Le téléphone fonctionnait incessamment. Les opérateurs, revêtus de tabliers, allaient de côté et d’autre, travaillant le plus vite possible. Ceux qui mouraient