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d’abord grinça sous une forte poussée, puis fut jetée bas d’un coup d’épaule. Et aussitôt après retentirent des cris féminins, des supplications, des sanglots désespérés. C’était Georgette qui appelait au secours, tout en se défendant contre l’ignoble outrage. Mais soudain une autre voix tonna dans le couloir :

— Ah ! brigand !…

Une lutte d’un instant s’engagea au seuil du réduit et se termina par un coup de revolver. Tout cela s’était fait si vite que Marcel avait eu à peine le temps de sauter à bas de son lit et de commencer à se vêtir. Lorsqu’il sortit de sa mansarde, un bougeoir à la main, il se heurta contre un corps qui agonisait : c’était le concierge dont les yeux vitreux étaient démesurément ouverts et dont les lèvres se couvraient d’une écume sanglante, tandis qu’à côté de sa main droite luisait un long couteau de cuisine. Et Marcel reconnut aussi le meurtrier : c’était le commandant Blumhardt, qui tenait encore son revolver à la main : un Blumhardt nouveau, à la face livide, aux yeux lubriques, avec une bestiale expression d’arrogance féroce. À l’autre bout du corridor, plusieurs soldats, attirés par la détonation, montaient bruyamment l’escalier.

En somme, le mari d’Augusta n’était pas fier d’être surpris au milieu d’une telle aventure. Quand les soldats, dont les uns portaient des lumières et dont les autres étaient armés de sabres et de fusils,