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ignoré l’existence de Marcel, l’observaient avec des yeux attentifs et presque respectueux, depuis qu’ils le voyaient en conversation familière avec un capitaine d’état-major.

Lorsque l’oncle et le neveu entrèrent dans les appartements, Marcel eut un serrement de cœur. Il voyait partout sur les murs des taches rectangulaires de couleur plus foncée, qui trahissaient l’emplacement de meubles et de tableaux disparus. Mais pourquoi ces déchirures aux rideaux de soie, ces tapis maculés, ces porcelaines et ces cristaux brisés ? Otto devina la pensée du châtelain et répéta l’éternelle excuse :

— Que voulez-vous ? C’est la guerre.

— Non, repartit Marcel avec une vivacité qu’il se crut permise en parlant à un neveu. Non ! ce n’est pas la guerre, c’est le brigandage. Tes camarades sont des cambrioleurs.

Le capitaine se dressa par un violent sursaut, fixa sur son vieil oncle des yeux flamboyants de colère, et prononça à voix basse quelques paroles qui sifflaient.

— Prenez garde à vous ! Heureusement vous vous êtes exprimé en espagnol et les personnes voisines n’ont pu vous comprendre. Si vous vous permettiez encore de telles appréciations, vous risqueriez de recevoir pour toute réponse une balle dans la tête. Les officiers de l’empereur ne se laissent pas insulter.

Et tout, dans l’attitude d’Hartrott, démontrait la facilité avec laquelle il aurait oublié la parenté, s’il