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de coups de baïonnette et les repoussèrent dans le brasier.

Près du pont, le lieutenant et Marcel descendirent d’automobile et s’avancèrent vers un groupe d’officiers vêtus de gris, coiffés du casque à pointe, semblables à tous les officiers. Néanmoins le lieutenant se planta, rigide, une main à la visière, pour parler à celui qui se tenait un peu en avant des autres. Marcel regarda cet homme qui, de son côté, l’examinait avec de petits yeux bleus et durs. Le regard insolent et scrutateur parcourut le châtelain de la tête aux pieds, et Marcel comprit que sa vie dépendait de cet examen. Mais le chef haussa les épaules, prononça quelques mots, d’un air dédaigneux, puis s’éloigna avec deux de ses officiers, tandis que le reste du groupe se dispersait.

— Son Excellence est très bonne, dit alors le lieutenant à Marcel. C’est le commandant du corps d’armée, celui qui doit loger dans votre château. Il pouvait vous faire fusiller ; mais il vous pardonne, parce qu’il sera votre hôte. Il a ordonné toutefois que vous assistiez au châtiment de ceux qui n’ont pas su prévenir l’assassinat de nos uhlans. Cela, pour votre gouverne : vous n’en comprendrez que mieux votre devoir et la bonté de Son Excellence. Voici le peloton d’exécution.

En effet, un peloton d’infanterie s’avançait, conduit par un sous-officier. Quand les files s’ouvrirent, Marcel aperçut au milieu des uniformes gris plusieurs