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renverser les bibelots rares. L’officier considéra avec étonnement ce propriétaire qui protestait pour de si futiles motifs ; mais il ne laissa pas de donner un ordre qui fit que les soldats cessèrent leurs violentes explorations. Puis, comme pour justifier de si extraordinaires égards :

— Je crois que vous aurez l’honneur de loger le commandant de notre corps d’armée, ajouta-t-il en français.

Lorsqu’il se fut assuré que le château ne recélait aucun ennemi, il devint plus aimable avec Marcel ; mais il n’en persista pas moins à soutenir que des francs-tireurs avaient fait feu sur les uhlans d’avant-garde. Marcel crut devoir le détromper. Non, ce n’étaient pas des francs-tireurs ; c’étaient des soldats retardataires dont il avait très bien reconnu les uniformes.

— Eh quoi ? Vous aussi, vous vous obstinez à nier ? repartit l’officier d’un ton rogue. Même s’ils portaient l’uniforme, ils n’en étaient pas moins des francs-tireurs. Le Gouvernement français a distribué des armes et des effets militaires aux paysans, pour qu’ils nous assassinent. On a déjà fait cela en Belgique. Mais nous connaissons cette ruse et nous saurons la punir. Les cadavres allemands couchés près de la barricade seront bien vengés. Les coupables paieront cher leur crime.

Dans son indignation il lui semblait que la mort