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moment à l’autre, la nouvelle de l’entrée du Kaiser à Paris. Des hommes graves qui dans toute leur existence n’avaient jamais fait quoi que ce soit, critiquaient aigrement l’incurie de la République et vantaient l’Allemagne comme le modèle de la prévoyance laborieuse et de la bonne organisation des forces sociales. Des jeunes gens d’un chic suprême éclataient en véhémentes apostrophes contre la corruption de Paris, corruption qu’ils avaient étudiée avec zèle dans les vertueuses écoles de Montmartre, et déclaraient avec une emphase de prédicateurs que la moderne Babylone avait un urgent besoin d’être châtiée. Tous, jeunes et vieux, adoraient cette lointaine Germanie où la plupart d’entre eux n’étaient jamais allés et que les autres, dans un rapide voyage, avaient vue seulement comme une succession d’images cinématographiques.

— Pourquoi ne vont-ils pas raconter cela chez eux, de l’autre côté des Pyrénées ? protestait Chichi exaspérée. Mais non, c’est en France qu’ils viennent débiter leurs sornettes calomnieuses. Et dire qu’ils se croient des gens de bonne éducation !

Jules, qui n’était pas venu à Biarritz pour y vivre en famille, employa l’après-dîner à chercher des renseignements sur Marguerite. Il eut la chance d’apprendre d’un ami que la mère de madame Laurier était descendue à l’hôtel de l’Atalaye avec sa fille. Il courut donc à l’hôtel de l’Atalaye ; mais le concierge