Page:Blasco-Ibáñez - Les Quatre Cavaliers de l’Apocalypse.djvu/217

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il essaya de se renseigner sur Marguerite auprès de quelques Parisiens de ses amis qu’il rencontra dans la cohue des fugitifs. Mais ils ne savaient rien de ce qui intéressait Jules. D’ailleurs ils ne s’occupaient guère que de leur propre sort, ne parlaient que des incidents de leur propre installation. Seule une de ses anciennes élèves de tango put lui donner une indication utile :

— La petite madame Laurier ? Mais oui, elle doit être dans la région, probablement à Biarritz.

Cela suffit pour que, dès le lendemain, Jules poussât jusqu’à la Côte d’Argent.

En arrivant à Biarritz, la première personne qu’il rencontra dans la rue fut Chichi.

— Un pays inhabitable ! déclara-t-elle à son frère dès les premiers mots. Les riches Espagnols qui sont ici en villégiature me donnent sur les nerfs. Tous boches ! Je passe mes journées à me quereller avec eux. Si cela continue, je devrai bientôt me résigner à vivre seule.

Sur la plage, où Chichi conduisît Jules, Luisa jeta les bras au cou de son fils et voulut l’emmener tout de suite à l’hôtel. Il y trouva dans un salon sa tante Héléna au milieu d’une nombreuse compagnie. La « romantique » était enchantée du pays et des étrangers qui y passaient la saison. Avec eux elle pouvait discourir à son aise sur la décadence de la France. Ces fiers hidalgos attendaient tous, d’un