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interdite : il alla chez elle. La concierge, dont la loquacité naturelle avait été mise à une rude épreuve par le départ de tous les locataires, ne se fit pas prier pour dire à l’amoureux tout ce qu’elle savait ; mais d’ailleurs elle savait peu de chose. Marguerite et sa mère étaient parties la veille par la gare d’Orléans ; elles avaient dû fuir vers le Midi, comme la plupart des gens riches ; mais elles n’avaient pas dit l’endroit où elles allaient. La concierge avait cru comprendre aussi que quelqu’un de la famille avait été blessé, mais elle ignorait qui ; c’était peut-être le fils de la vieille dame.

Ces renseignements, quoique vagues, suffirent pour inspirer à Jules une résolution. Elle n’avait pas voulu lui donner son adresse ? Eh bien, c’était une raison de plus pour qu’il voulût connaître le véritable motif de ce départ quasi clandestin. Il irait donc chercher Marguerite dans le Midi, où il n’aurait probablement pas grand’peine à la découvrir : car les villes où se réfugiaient les gens riches n’étaient pas nombreuses, et il y rencontrerait des amis qui pourraient lui fournir des renseignements.

Outre cette raison principale, Jules en avait une autre pour quitter Paris. Depuis le départ de sa famille, le séjour dans la capitale lui était à charge, lui inspirait même des sentiments qui ressemblaient un peu à du remords. Il ne pouvait plus se promener aux Champs-Elysées ou sur les boulevards sans que