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la campagne et dont les maisons tremblèrent.

— Qu’est-ce ? demanda l’officier à Marcel.

Celui-ci expliqua qu’on venait de faire sauter le pont. Un juron du chef accueillit ce renseignement ; mais la troupe qu’il commandait demeura indifférente, comme si elle avait perdu tout contact avec la réalité.

— Autant mourir ici qu’ailleurs ! murmura l’officier. Défendons la barricade.

La plupart des hommes se mirent en devoir d’exécuter avec une prompte obéissance cette décision qui les délivrait du supplice de la marche. Machinalement ils se postèrent aux endroits les mieux protégés. L’officier allait d’un groupe a l’autre, donnait des ordres. On ne ferait feu qu’au commandement.

Marcel, immobile de surprise, assistait à ces préparatifs sans plus penser au péril de sa propre situation, et, lorsque l’officier lui cria rudement de fuir, il demeura en place, comme s’il n’avait pas entendu.

Les uhlans, persuadés que le village était abandonné, avaient pris le galop.

— Feu !

L’escadron s’arrêta net. Plusieurs uhlans roulèrent sur le sol ; quelques-uns se relevèrent et, se courbant pour offrir aux balles une moindre cible, essayèrent de sortir du chemin ; d’autres restèrent étendus sur le dos ou sur le ventre, les bras en avant. Les che-