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vue encore, quoiqu’elle eût fait maints voyages dans les deux hémisphères.

— Ah ! Paris, Paris ! soupirait-elle en ouvrant de grands yeux et en allongeant les lèvres. Comme j’aimerais à y passer une saison !

Et, pour qu’il lui racontât la vie de Paris, elle se permettait certaines confidences sur les plaisirs de Berlin, mais avec une modestie rougissante, en admettant d’avance qu’il y a beaucoup mieux dans le monde et qu’elle avait grande envie de connaître ce mieux-là.

Herr Commerzienrath continuait entre amis son speech du dessert, et ses auditeurs ôtaient de leurs lèvres des cigares colossaux pour lancer des grognements d’approbation. La présence de Jules les avait mis tous d’aimable humeur ; ils savaient que son père était Français, et cela suffisait pour qu’ils l’accueillissent comme s’il arrivait directement du Quai d’Orsay et représentait la plus haute diplomatie de la République. Pour eux, c’était la France qui venait fraterniser avec l’Allemagne.

— Quant à nous, déclara le Commerzienrath en regardant fixement le peintre comme s’il attendait de lui une déclaration solennelle, nous désirons vivre en parfaite amitié avec la France.

Jules approuva. Par le fait, il jugeait bon que les nations fussent amies les unes des autres, et il ne voyait aucun inconvénient à ce qu’elles affirmassent