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tout de suite à son château de Villeblanche, et il priait le sénateur de lui obtenir les papiers nécessaires.

— Vous êtes fou ! s’écria le personnage, qui ne pouvait en croire ses oreilles. Sortir de Paris, oui, mais pour aller vers le sud et non vers l’est ! Je vous le dis sous le sceau du secret : d’un instant à l’autre tout le monde partira, président de la République, ministres, Chambres. Nous nous installerons à Bordeaux, comme en 1870. Nous savons mal ce qui se passe, mais toutes les nouvelles sont mauvaises. L’armée reste solide, mais elle se retire, abandonne continuellement du terrain. Croyez-moi : ce que vous avez de mieux à faire, c’est de quitter Paris avec nous. Gallieni défendra la capitale ; mais la défense sera difficile. D’ailleurs, même si Paris succombe, la France ne succombera point pour cela. S’il est nécessaire, nous continuerons la guerre jusqu’à la frontière d’Espagne. Ah ! tout cela est triste, bien triste !

Marcel hocha la tête. Ce qu’il voulait, c’était se rendre à son château de Villeblanche.

— Mais on vous fera prisonnier ! objecta Lacour. On vous tuera peut-être !

L’obstination de Marcel triompha des résistances de son ami. Ce n’était point le moment des longues discussions, et chacun devait songer à son propre sort. Le sénateur finit donc par céder au désir de Marcel et lui obtint l’autorisation de partir le soir