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VI

EN RETRAITE


Après ce départ, Marcel fut d’abord un peu désorienté par sa solitude. Les salles désertes de son appartement lui semblaient énormes et pleines d’un silence d’autant plus profond que tous les autres appartements du luxueux immeuble étaient vides comme le sien. Ces appartements avaient pour locataires, soit des étrangers qui s’étaient discrètement éloignés de Paris, soit des Français qui, surpris par la guerre, étaient demeurés dans leurs domaines ruraux.

D’ailleurs il était satisfait de la résolution qu’il avait prise. L’absence des siens, en le rassurant, lui avait rendu presque tout son optimisme. « Non, ils ne viendront pas à Paris », se répétait-il vingt fois par jour. Et il ajoutait mentalement : « Au surplus, s’ils y viennent, je n’ai pas peur : je suis encore bon pour faire le coup de feu dans une tranchée. » Il