beaucoup de canons. Quoique Marcel eût entendu lui-même dire quelque chose d’approchant, il affectait de n’en rien croire, protestait qu’à tout le moins il y avait dans ces bruits beaucoup d’exagération.
— C’est possible, répliquait doucement l’agaçante Héléna. Mais je vous répète ce que m’ont dit des personnes que je crois bien informées.
Au fond, Marcel commençait à être très inquiet, et son instinct d’homme pratique lui faisait deviner un péril. « Il y a quelque chose qui ne marche pas, » pensait-il, soucieux.
La chute du ministère et la constitution d’un Gouvernement de défense nationale lui démontra la gravité de la situation. Alors il alla voir le sénateur Lacour. Celui-ci connaissait tous les ministres, et personne n’était mieux renseigné que lui.
— Oui, mon ami, répondit le personnage aux questions anxieuses de Marcel, nous avons subi de gros échecs à Morhange et à Charleroi, c’est-à-dire à l’Est et au Nord. Les Allemands vont envahir le territoire de la France. Mais notre armée est intacte et se retire en bon ordre. La fortune peut changer encore. C’est un grand malheur ; néanmoins tout n’est pas perdu.
On poussait activement — un peu tard ! — les préparatifs de la défense de Paris. Les forts s’armaient de nouveaux canons ; dans la zone de tir, les pioches des démolisseurs faisaient disparaître les maisonnettes