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nous y oblige, et, pour nous défendre, demeurons tous dans le rang, soumettons-nous tous à la consigne. La discipline n’est pas brouillée avec la Révolution. Souvenez-vous des armées de la première République : tous citoyens, les généraux comme les soldats ; et pourtant Hoche, Kléber et les autres étaient de rudes compères qui savaient commander et imposer l’obéissance. Nous allons faire la guerre à la guerre ; nous allons nous battre pour qu’ensuite on ne se batte plus.

Puis, comme si cette affirmation ne lui paraissait pas assez claire :

— Nous nous battrons pour l’avenir, insista-t-il, nous mourrons pour que nos petits-enfants ne connaissent plus une telle calamité. Si nos ennemis triomphaient, ce qui triompherait avec eux, ce serait le militarisme et l’esprit de conquête. Ils s’empareraient d’abord de l’Europe, puis du reste du monde. Plus tard, ceux qu’ils auraient dépouillés se soulèveraient contre eux, et ce seraient des guerres à n’en plus finir. Nous autres, nous ne songeons point à des conquêtes ; si nous désirons récupérer l’Alsace et la Lorraine, c’est parce qu’elles nous ont appartenu jadis et que leurs habitants veulent redevenir Français. Voilà tout. Nous n’imiterons pas nos ennemis ; nous n’essayerons pas de nous approprier des territoires, nous ne compromettrons pas par nos convoitises la tranquillité du monde. L’expérience que nous