sime qui parurent aux vitrines des boutiques, attirèrent une foule curieuse. Marcel contempla longuement un de ces portraits et finit par se dire à lui-même : « Il à l’air d’un brave homme. »
Cependant les événements se précipitaient et, peu à peu, Marcel subit la contagion de l’enthousiasme populaire. Il vécut, lui aussi, dans la rue, attiré par le spectacle de la foule des civils saluant la foule des militaires qui se rendaient à leur poste.
Le soir, sur les boulevards, il assistait au passage des manifestations. Le drapeau tricolore ondulait à la lumière des lampes électriques ; sur la chaussée, la masse des gens s’ouvrait devant lui, en applaudissant et en poussant des vivats. Toute l’Europe, à l’exception des deux empires centraux, défilait à travers Paris ; toute l’Europe saluait spontanément de ses acclamations la France en péril. Les drapeaux des diverses nations déployaient dans l’air toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, suivis par des Russes aux yeux clairs et mystiques, par des Anglais qui, tête découverte, entonnaient des chants d’une religieuse gravité, par des Grecs et des Roumains au profil aquilin, par des Scandinaves blancs et roses, par des Àméricains du Nord enflammés d’un enthousiasme un peu puéril, par des Juifs sans patrie, amis du pays des révolutions égalitaires, par des Italiens fiers comme un chœur de ténors héroïques, par des Espagnols et des Sud-Américains infatigables à crier bravo.