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V

PERPLEXITÉS ET DÉSARROI


Lorsque Marcel Desnoyers dut se convaincre que la guerre était inévitable, son premier mouvement fut de stupeur. L’humanité était donc devenue folle ? Comment une guerre était-elle possible avec tant de chemins de fer, tant de bateaux marchands, tant de machines industrielles, tant d’activité déployée à la surface et dans les entrailles de la terre ? Les nations allaient se ruiner pour toujours. Le capital était le maître du monde, et la guerre le tuerait ; mais elle-même ne tarderait pas à mourir, faute d’argent. L’âme de cet homme d’affaires s’indignait à penser qu’une absurde aventure dissiperait des centaines de milliards en fumée et en massacres.

D’ailleurs la guerre ne signifiait pour lui qu’un désastre à brève échéance. Il n’avait pas foi en son