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ouragan sur l’immense foule des humains. Le ciel obscurci prenait une lividité d’orage ; des monstres horribles et difformes volaient en spirales au-dessus de l’effroyable fantasia et lui faisaient une répugnante escorte. Hommes et femmes, jeunes et vieux fuyaient, se bousculaient, tombaient par terre dans toutes les attitudes de la peur, de l’étonnement, du désespoir ; et les quatre coursiers foulaient implacablement cette jonchée humaine sous les fers de leurs sabots.

— Mais vous allez voir, dit Tchernoff. J’ai un livre précieux où tout cela est figuré.

Et il se leva, sortit de l’atelier par une petite porte qui communiquait avec l’escalier de service, revint au bout de quelques minutes avec le livre. Ce volume, imprimé en 1511, avait pour titre : Apocalypsis cum figuris, et le texte latin était accompagné de gravures. Ces gravures étaient une œuvre de jeunesse exécutée par Albert Dürer, lorsqu’il n’avait que vingt-six ans. Et, à la clarté d’une lampe apportée par Argensola, ils contemplèrent l’estampe admirable qui représentait la course furieuse des quatre cavaliers de l’Apocalypse.