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délectait à renifler l’odeur des victimes. Tandis que son cheval galopait, il tendait son arc pour décocher le fléau. Sur son épaule sautait un carquois de bronze plein de flèches empoisonnées par les germes de toutes les maladies.

Le cavalier du cheval roux brandissait son énorme espadon au-dessus de sa chevelure ébouriffée par la violence de la course ; il était jeune, mais ses sourcils contractés et sa bouche serrée lui donnaient une expression de férocité implacable. Ses vêtements, agités par l’impétuosité du galop, laissaient apercevoir une musculature athlétique.

Vieux, chauve et horriblement maigre, le troisième cavalier, à califourchon sur la coupante échine du cheval noir, pressait de ses cuisses décharnées les flancs maigres de l’animal et montrait l’instrument qui symbolise la nourriture devenue rare et achetée au poids de l’or.

Les genoux du quatrième cavalier, aigus comme des éperons, piquaient les flancs du cheval blême ; sa peau parcheminée laissait voir les saillies et les creux du squelette ; sa face de cadavre avait le rire sardonique de la destruction ; ses bras, minces comme des roseaux, maniaient une faux gigantesque ; à ses épaules anguleuses pendait un lambeau de suaire.

Et les quatre cavaliers entreprenaient une course folle, et leur funeste chevauchée passait comme un