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du monstre : c’étaient des blasphèmes contre l’humanité, contre la justice, contre tout ce qui rend la vie tolérable et douce. C’étaient, par exemple, des maximes comme celle-ci :

« La force prime le droit. »

« Le faible n’a pas droit à l’existence. »

« Pour être grand il faut être dur. »

— Mais les quatre cavaliers ? interrompit Jules qui craignait de voir Tchernoff s’égarer dans de nouvelles digressions.

— Vous ne vous rappelez pas ce que représentent les cavaliers ? demanda le Russe.

Et, cette fois, il daigna rafraîchir la mémoire de ses auditeurs.

Un grand trône était dressé, et celui qui y était assis paraissait de jaspe, et un arc-en-ciel formait derrière sa tête comme un dais d’émeraude. Autour du trône, il y avait vingt-quatre autres trônes disposés en demi-cercle, et sur ces trônes vingt-quatre vieillards vêtus d’habillements blancs et couronnés de couronnes d’or. Quatre animaux énormes, couverts d’yeux et pourvus chacun de six ailes, gardaient le grand trône.

Et les sceaux du livre du mystère étaient rompus par l’agneau en présence de celui qui y était assis. Les trompettes sonnaient pour saluer la rupture du premier sceau ; l’un des animaux criait d’une voix tonnante au poète visionnaire : « Regarde ! » Et le pre-