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noms deviennent des réclames commerciales, sont exploités comme des marques de fabrique. Les savants illustres se font hôteliers de sanatorium. Un Herr Professor annonce à l’univers qu’il vient de découvrir le traitement de la tuberculose, et cela n’empêche pas les tuberculeux de mourir comme auparavant. Un autre désigne par un chiffre le remède qui, assure-t-il, triomphe de la plus inavouable des maladies, et il n’y a pas un avarié de moins dans le monde. Mais ces lourdes erreurs représentent des fortunes considérables ; ces fausses panacées valent des millions à leur inventeur et à la société industrielle qui exploite le brevet, qui lance le produit sur le marché ; car ce produit se vend très cher, et il n’y a guère que les riches qui puissent en faire usage. Comme tout cela est loin du beau désintéressement d’un Pasteur et de tant d’autres savants qui, au lieu de se réserver le monopole de leurs découvertes, en ont fait largesse à l’humanité ! Pour ce qui concerne la science spéculative, les Allemands ne vivent guère que d’emprunts ; mais ils trouvent encore le moyen d’en tirer du bénéfice pour eux-mêmes. C’est Gobineau et Chamberlain, c’est-à-dire un Français et un Anglais, qui leur ont fourni les arguments théoriques par lesquels ils prétendent établir la supériorité de leur race ; c’est avec les résidus de la philosophie de Darwin et de Spencer que leur vieil Haeckel a confectionné le monisme,