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daient des scènes d’amour, de batailles furieuses, d’universités allemandes, de bals parisiens, de paquebots transatlantiques et de déluge universel.

À la même heure, son cousin Otto von Hartrott, confortablement installé dans un sleeping car, roulait seul vers les rives de la Sprée. Il n’avait pas trouvé sa mère à la gare ; mais cela ne lui avait donné aucune inquiétude, et il était convaincu qu’Héléna, partie avec son amie la conseillère d’ambassade, arriverait à Berlin avant lui. En réalité, Héléna était encore chez sa sœur, avenue Victor-Hugo. Voici les contretemps qui l’avaient empêchée de tenir la promesse de départ faite à son fils.

Depuis qu’elle était arrivée à Paris, elle avait, comme de juste, couru les grands magasins et fait une multitude d’emplettes. Or, le jour où elle aurait dû partir, nombre de choses qu’il lui paraissait spécialement nécessaire de rapporter en Allemagne, n’avaient pas été livrées par les fournisseurs. Elle avait donc passé toute la matinée à téléphoner aux quatre coins de Paris ; mais, en raison du désarroi général, plusieurs commandes manquaient encore à l’appel, quand vint l’heure de monter en automobile pour le train de l’après-midi. Elle avait donc décidé de ne partir que par le train du soir, avec son fils. Mais, le soir, elle avait une telle montagne de bagages, — malles, valises, caisses, cartons à chapeaux, sacs de nuit, paquets de toute sorte, — que