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de mouvement. Elle demeure immuable pour toutes les répétitions de ce type, y compris les variantes planétaires qui sont le fait de l’humanité.

Il ne faut pas s’imaginer, en effet, que ces reproductions de globes se fassent pour les beaux yeux des sosies qui les habitent. Le préjugé d’égoïsme et d’éducation qui rapporte tout à nous, est une sottise. La nature ne s’occupe pas de nous. Elle fabrique des groupes stellaires dans la mesure des matériaux à sa disposition. Les uns sont des originaux, les autres des duplicata, édités à milliards. Il n’y a même pas proprement d’originaux, c’est-à-dire des premiers en dates mais des types divers, derrière lesquels se rangent les systèmes stellaires.

Que les planètes de ces groupes produisent ou non des hommes, ce n’est pas le souci de la nature, qui n’a aucune espèce de soucis, qui fait sa besogne, sans s’inquiéter des conséquences. Elle applique 998 millièmes de la matière aux étoiles, où ne poussent ni un brin d’herbe ni un ciron, et le reste, « deux millièmes ! » aux planètes, dont la moitié, sinon plus, se dispense également de loger et de nourrir des bipèdes de notre module. En somme, pourtant, elle fait assez bien les choses. Il ne faut pas murmurer. Plus modeste, la lampe qui nous éclaire et qui nous chauffe nous abandonnerait vite à la nuit éternelle, ou plutôt nous ne serions jamais entrés dans la lumière.

Les étoiles seules auraient à se plaindre, mais elles ne se plaignent pas. Pauvres étoiles ! leur rôle de splendeur n’est qu’un rôle de sacrifice. Créatrices et servantes de la puissance productrice des planètes, elles ne la possèdent point elles-mêmes, et doivent se résigner à leur carrière ingrate et monotone de flambeaux. Elles ont l’éclat sans la jouissance ; derrière elles, se cachent invisibles les réalités