lui permets d’épuiser le calcul des probabilités, sans en manquer une. Dès qu’elle sera au bout de son rouleau, je la rabats sur l’infini, et je la somme de s’exécuter, c’est-à-dire d’exécuter sans fin des duplicata. Je n’ai garde d’alléguer pour motif la beauté d’échantillons qu’il serait grand dommage de ne pas multiplier à satiété. Il me semble au contraire malsain et barbare d’empoisonner l’espace d’un tas de pays fétides.
Observations inutiles, d’ailleurs. La nature ne connaît ni ne pratique la morale en action. Ce qu’elle fait, elle ne le fait pas exprès. Elle travaille à colin-maillard, détruit, crée, transforme. Le reste ne la regarde pas. Les yeux fermés, elle applique le calcul des probabilités mieux que tous les mathématiciens ne l’expliquent, les yeux très-ouverts. Pas une variante ne l’esquive, pas une chance ne demeure au fond de l’urne. Elle tire tous les numéros. Quand il ne reste rien au fond du sac, elle ouvre la boîte aux répétitions, tonneau sans fond celui-là aussi, qui ne se vide jamais, à l’inverse du tonneau des Danaïdes qui ne pouvait se remplir.
Ainsi procède la matière, depuis qu’elle est la matière, ce qui ne date pas de huitaine. Travaillant sur un plan uniforme, avec cent corps simples, qui ne diminuent ni n’augmentent jamais d’un atome, elle ne peut que répéter sans fin une certaine quantité de combinaisons différentes, qu’à ce titre on appelle primordiales, originales, etc., etc. ; il ne sort de son chantier que des systèmes stellaires.
Par cela seul qu’il existe, tout astre a toujours existé, existera toujours, non pas dans sa personnalité actuelle, temporaire et périssable, mais dans une série infinie de personnalités semblables, qui se reproduisent à travers les siècles. Il appartient à une des combinaisons originales, permises par les arrangements divers des cent corps simples.