Page:Blanqui - L’Éternité par les astres, 1872.djvu/37

Cette page a été validée par deux contributeurs.

suffisante pour leur existence, et l’heure de la mort arrive longtemps avant la fin de la traversée. L’infini n’est pauvre ni de temps ni d’espace. Il en distribue à ses peuples une juste et large proportion. Nous ignorons le temps accordé, mais on peut se former quelque idée de l’espace par la distance des étoiles, nos voisines.

L’intervalle minimum qui nous en sépare est de dix mille milliards de lieues, un abîme. N’est-ce point là une voie magnifique, et assez spacieuse pour y cheminer en toute sécurité ? Notre soleil a ses flancs assurés. Sa sphère d’activité doit toucher sans doute celle des attractions les plus proches. Il n’y a point de champs neutres pour la gravitation. Ici, les données nous manquent. Nous connaissons notre entourage. Il serait intéressant de déterminer ceux de ces foyers lumineux dont les sphères d’attraction sont limitrophes de la nôtre, et de les ranger autour d’elle, comme on enferme un boulet entre d’autres boulets. Notre domaine dans l’univers se trouverait ainsi cadastré. La chose est impossible, sinon elle serait déjà faite. Malheureusement on ne va pas mesurer de parallaxes à bord de Jupiter ou de Saturne.

Notre soleil marche, c’est incontestable d’après son mouvement de rotation. Il circule de conserve avec des milliers, et peut-être des millions d’étoiles qui nous enveloppent et sont de notre armée. Il voyage depuis les siècles, et nous ignorons son itinéraire passé, présent et futur. La période historique de l’humanité date déjà de six mille ans. On observait en Égypte dès ces temps reculés. Sauf un déplacement des constellations zodiacales, dû à la précession des équinoxes, aucun changement n’a été constaté dans l’aspect du ciel. En six mille ans, notre système aurait pu faire du chemin dans une direction quelconque.