sifs, aboutissent en étoiles. L’illustre géomètre raconte et explique fort bien les transformations. Mais de l’origine de ces nébulosités, pas un mot. On se demande naturellement : « Ces nébuleuses, qu’un froid relatif amène à l’état de soleils et de planètes, d’où viennent-elles ? »
D’après certaines théories, il existerait dans l’étendue une matière chaotique, laquelle, grâce au concours de la chaleur et de l’attraction, s’agglomérerait pour former les nébuleuses planétaires. Pourquoi et depuis quand cette matière chaotique ? D’où sort cette chaleur extraordinaire qui vient aider à la besogne ? Autant de questions qu’on ne se pose pas, ce qui dispense d’y répondre.
Pas n’est besoin de dire que la matière chaotique, constituant les étoiles modernes, a aussi constitué les anciennes, d’où il suit que l’univers ne remonte pas au-delà des plus vieilles étoiles sur pied. On accorde volontiers des durées immenses à ces astres ; mais de leur commencement, point d’autres nouvelles que l’agglomération de la matière chaotique, et sur leur fin, silence. La plaisanterie commune à ces théories, c’est l’établissement d’une fabrique de chaleur à discrétion dans les espaces imaginaires, pour fournir à la volatilisation indéfinie de toutes les nébuleuses et de toutes les matières chaotiques possibles.
Laplace, si scrupuleux géomètre, est un physicien peu rigoriste. Il vaporise sans façon, en vertu d’une chaleur excessive. Étant donnée une fois la nébuleuse qui se condense, on le suit avec admiration dans son tableau de la naissance successive des planètes et de leurs satellites par les progrès du refroidissement. Mais cette matière nébuleuse sans origine, attirée de partout, on ne sait ni comment ni pourquoi, est aussi un singulier réfrigérant de l’enthousiasme. Il n’est vraiment pas convenable d’asseoir