Page:Blanqui - L’Éternité par les astres, 1872.djvu/26

Cette page a été validée par deux contributeurs.

deux catégories de la matière totalement distinctes, et sans autre lien qu’une gravitation désordonnée, presque folle. Dans la description du monde, il n’y a nul compte à en tenir. Elles ne sont rien, ne font rien, n’ont qu’un rôle, celui d’énigme.

Avec ses dilatations à outrance du périhélie, et ses contractions glacées de l’aphélie, cet astre follet représente certain géant des mille et une nuits, mis en bouteille par Salomon, et l’occasion offerte, s’épandant peu à peu hors de sa prison en immense nuage, pour prendre figure humaine, puis revaporisé et reprenant le chemin du goulot, pour disparaître au fond de son bocal. Une comète, c’est une once de brouillard, remplissant d’abord un milliard de lieues cubes, puis une carafe.

C’est fini de ces joujoux, ils laissent le débat ouvert sur cette question : « Les nébuleuses sont-elles toutes des amas d’étoiles adultes, ou bien faut-il voir dans quelques-unes d’entre elles des fœtus d’étoiles, soit simples, soit multiples ? » Cette question n’a que deux juges, le télescope et l’analyse spectrale. Demandons-leur une stricte impartialité, qui se garde surtout contre l’influence occulte des grands noms. Il semble, en effet, que la spectrométrie incline un peu à trouver des résultats conformes à la théorie de Laplace.

La complaisance pour les erreurs possibles de l’illustre mathématicien est d’autant moins utile que sa théorie puise dans la connaissance actuelle du système solaire une force capable de tenir tête même au télescope et à l’analyse spectrale, ce qui n’est pas peu dire. Elle est la seule explication rationnelle et raisonnable de la mécanique planétaire, et ne succomberait certainement que sous des arguments irrésistibles…