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mortes à ces clartés-fantômes, qui se laissent traverser par la lumière vivante des étoiles.

Ne seraient-ce pas plutôt les captives suppliantes, enchaînées depuis des siècles aux barrières de notre atmosphère, et demandant en vain ou la liberté ou l’hospitalité ? De son premier et de son dernier rayon, le soleil intertropical nous montre ces pâles Bohémiennes, qui expient si durement leur visite indiscrète à des gens établis.

Les comètes sont véritablement des êtres fantastiques. Depuis l’installation du système solaire, c’est par millions qu’elles ont passé au périhélie. Notre monde particulier en regorge, et cependant, plus de la moitié échappent à la vue, et même au télescope. Combien de ces nomades ont élu domicile chez nous ?… Trois…, et encore peut-on dire qu’elles vivent sous la tente. Un de ces jours, elles lèveront le pied et s’en iront rejoindre leurs innombrables tribus dans les espaces imaginaires. Il importe peu, en vérité, que ce soit par des ellipses, des paraboles ou des hyperboles.

Après tout, ce sont des créatures inoffensives et gracieuses, qui tiennent souvent la première place dans les plus belles nuits d’étoiles. Si elles viennent se prendre comme des folles dans la souricière, l’astronomie y est prise avec elles et s’en tire encore plus mal. Ce sont de vrais cauchemars scientifiques. Quel contraste avec les corps célestes ! Les deux extrêmes de l’antagonisme, des masses écrasantes et des impondérabilités, l’excès du gigantesque et l’excès du rien.

Et cependant, à propos de ce rien, Laplace parle de condensation, de vaporisation, comme s’il s’agissait du premier gaz venu. Il assure que, par les chaleurs du périhélie, les comètes, à la longue, se dissipent entièrement dans l’espace. Que deviennent-elles après cette volatilisation ? L’auteur ne