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Naguère encore, ces éléments étaient tenus pour spécialités de notre globe. Que de polémiques, par exemple, sur le soleil, sa composition, l’origine et la nature de la lumière ! La grande querelle de l’émission et des ondulations est à peine terminée. Les dernières escarmouches d’arrière-garde retentissent encore. Les ondulations victorieuses avaient échafaudé sur leur succès une théorie assez fantastique que voici : « Le soleil, simple corps opaque comme la première planète venue, est enveloppé de deux atmosphères, l’une, semblable à la nôtre, servant de parasol aux indigènes contre la seconde, dite photosphère, source éternelle et inépuisable de lumière et de chaleur. »

Cette doctrine, universellement acceptée, a longtemps régné dans la science, en dépit de toutes les analogies. Le feu central qui gronde sous nos pieds atteste suffisamment que la terre a été autrefois ce qu’est aujourd’hui le soleil, et la terre n’a jamais endossé de photosphère électrique, gratifiée du don de pérennité.

L’analyse spectrale a dissipé ces erreurs. Il ne s’agit plus d’électricité inusable et perpétuelle, mais tout prosaïquement d’hydrogène brûlant, là comme ailleurs, avec le concours de l’oxygène. Les protubérances roses sont des jets prodigieux de ce gaz enflammé, qui débordent le disque de la lune, pendant les éclipses totales de soleil. Quant aux taches solaires, on avait eu raison de les représenter comme de vastes entonnoirs ouverts dans des masses gazeuses. C’est la flamme de l’hydrogène, balayée par les tempêtes sur d’immenses surfaces, et qui laisse apercevoir, non pas comme une opacité noire, mais comme une obscurité relative, le noyau de l’astre, soit à l’état liquide, soit à l’état gazeux fortement comprimé.

Donc, plus de chimères. Voici deux éléments terrestres