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machines ? Le tour, le rabot, la lime, le burin, ne sont-ils pas encore des machines ? Si vous prohibez l’emploi des agens mécaniques, n’aurez-vous pas à répondre à une armée de copistes qui viendront se plaindre de la concurrence de la presse d’imprimerie, et alors rayerez-vous de l’histoire la découverte de Guttemberg ? Écouterez-vous aussi les doléances des propriétaires de chevaux et de mulets qui seuls autrefois faisaient les transports, et qui sont devenus inutiles en grande partie depuis l’amélioration des routes et de la navigation ? Non, Messieurs, il ne peut pas être permis d’apporter d’obstacles aux développements des machines dans l’industrie, parce qu’on ne peut les empêcher partout à la fois ; rester en place quand tout le monde avance, c’est reculer ; et en industrie, reculer c’est mourir.

Si nous considérons les machines sous un autre point de vue, nous verrons qu’il ne nous est pas possible de renoncer, je ne dis pas à leur emploi, mais encore à leur perfectionnement. Les machines sont le double produit des capitaux et de l’intelligence, et renoncer à leur usage, à leur invention, c’est abandonner nos richesses, c’est nous suicider moralement. Vous le savez en effet et je vous l’ai dit déjà l’an dernier : (V. 1re Leçon, page 5.) Tous les grands progrès qui ont été faits depuis un siècle en civilisation, en sciences, en industrie, sont dus à trois grands peuples la France, l’Angleterre et les États-Unis d’Amérique. C’est de-là que sont parties toutes les améliorations qui se sont opérées dans la condition des hommes ; ce sont ces trois