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nière la plus forte partie des débouchés intérieurs, mais encore tout espoir de placement sur les marchés étrangers. Qu’arrivera-t-il alors de ce système ? Que feront les ouvriers qui auront rempli les fonctions des machines ? À qui vendront-ils leurs produits quand les prix seront trop élevés pour être atteints par les revenus des nationaux, et trop différents des prix étrangers pour que leur qualité inférieure leur fasse obtenir la préférence sur les places de commerce des autres pays ? Seront-ils plus heureux de cet état d’infériorité qui privera la plupart d’entre eux de tout travail dans l’avenir comme dans le présent, que des momens de malaise qu’ils ont à supporter aujourd’hui, moments qui sont difficiles à passer sans doute, mais qui au moins ne sont que transitoires et ne durent que quelques instants ?

Nous pouvons donc conclure hardiment que lors même que le moyen serait trouvé de pouvoir défendre entièrement l’emploi des machines, cette mesure ferait le malheur de tous ; parce qu’elle remplacerait une souffrance passagère par un mal permanent. Quant aux moyens d’exécuter la loi, que j’ai, dans cette hypothèse, admis un instant comme découverts j’en nie la possibilité. Je demande quels sont les instruments qui seront considérés comme machines et comme tels défendus, et ceux dont l’usage sera permis. Tout ce qui nous entoure, tous les objets dont nous nous servons, ne sont-ils pas des machines ou les produits des machines ? La charrue n’est-elle pas une machine ? Le lévier, la houe, la presse, ne sont-ils pas des