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cessité, il lutte contre la fatalité le plus long-temps qu’il peut de sorte qu’on peut dire que le sort de l’ouvrier est lié à celui de l’entrepreneur. Dans un moment de crise, le salaire pourra bien être diminué mais, en pareil cas, la position de l’ouvrier qui fait tout par lui-même est encore moins favorable. Ordinairement il ne travaille point avec une machine ; ses outils lui appartiennent, et il est plus facilement condamné, c’est-à-dire congédié par celui qui l’occupe. C’est ce qui n’arrive pas dans les industries que j’appellerai savantes ou à grands capitaux, parce qu’on y regarde à deux fois avant de laisser chômer les valeurs imposantes engagées dans des bâtiments considérables et des machines fort chères et fort nombreuses.

M. de Sismondi a été frappé de l’extrême misère qui se manifestait à côté de la richesse, et il s’est demandé si cet accroissement des hôpitaux à côté des palais n’était pas le résultat de l’introduction des machines, ou, en d’autres termes, de la division du travail, et si le dernier mot du développement industriel était d’augmenter indéfiniment la prospérité de quelques-uns au prix de la détresse de presque tous les autres. Vivement ému d’un pareil état de choses, M. de Sismondi, dont le caractère mérite d’être vénéré, a jeté un éloquent cri d’alarme et s’est mis à attaquer Smith corps à corps.

Adam Smith avait dit aux gouvernements : Quand vous ne gênerez pas l’industrie, elle se dirigera toute seule vers les travaux les plus profi-