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trant par la porte A, se transformer en boudins et en une série de fils de plus en plus fins et sortir filée par la porte B, puis arriver tissée en calicot à la porte C, puis enfin imprimée et propre à la consommation sur la porte D.

Après avoir signalé les merveilleux effets de la division du travail Smith a reconnu pour les nations le même principe dont J. B. Say a plus tard achevé la démonstration. Les diverses nations du globe ne produisent pas toutes les mêmes choses ; la France a surtout du vin, la Russie des chanvres et du goudron, la Pologne du blé, l’Espagne des laines et du plomb ; et s’il est préférable pour le cordonnier dont je vous parlais tout à l’heure d’acheter ses meubles à son voisin l’ébéniste et réciproquement pour celui-ci de se faire habiller par son voisin le tailleur, de même vous comprendrez sans peine que si la Russie voulait faire du vin avec ses steppes et la France du goudron avec ses vignes ces deux nations agiraient au rebours de leurs intérêts et que les simples notions du sens commun leur indiquent la voie des échanges comme une conséquence naturelle de la division du travail.

Cependant, je me hâte de l’avouer, la question n’est point aussi simple qu’elle peut vous apparaitre, d’après ce simple exposé ; car vous pensez bien qu’on serait arrivé à la solution avant J. B. Say et Adam Smith. Sans doute personne peut-être ne s’aviserait de vouloir faire du vin en Russie, et du goudron en France ; parce que ces deux produits ont une patrie exclusive ; mais tous les produits