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avances et les autres les bras. La première dit aux autres : « Je n’ai pas besoin de travailler, mais je vous fais des avances et vous me donnerez une partie des profits de votre travail. » Ne se peut-il point qu’en pareil cas le capital abuse de son avantage, et qu’il n’exploite le travail en se faisant la part du lion ? Toutes les guerres civiles n’ont pas d’autre origine, et leur théorie se réduit à cette simplicité matérielle et patriarchale.

Adam Smith nous a appris qu’il fallait faire deux parts du capital. Si l’on construit une usine, il faut d’abord en engager une partie pour bâtir, et acheter le mobilier de l’usine ; ensuite il faut se servir de l’autre pour les besoins courants. La première partie s’appelle le capital fixe ou engagé ; la seconde porte le nom de capital circulant, et aussi, quoique improprement, celui de capital roulant.

Quel est le rapport qui doit exister entre les deux parties du capital ? C’est là une question de la plus haute importance. Vous avez beaucoup de marchands qui calculent fort mal et qui, par exemple, mettront trente mille-francs à une devanture de boutique, quand ils ne devraient y consacrer que dix mille francs. Qu’arrive-t-il ? c’est qu’au bout de quelque temps ils sont obérés ; les charges sont plus fortes que les ressources, et ils sont obligés de s’arrêter. Nous méconnaissons presque toujours, en France, le principe qui doit présider au partage du capital ; nous construisons des usines (et il faut avouer que ces imprudences sont moins fréquentes qu’il y a quelques années)