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loppés par la nombreuse pléiade attachée à ses pas. C’est de leur sein qu’est parti le signal de toutes les réformes sociales exécutées ou tentées en Europe depuis quatre-vingts ans, et l’on pourrait dire qu’à quelques maximes près, la révolution française n’a été que leur théorie en action.

« Ils se présentent, en effet, avec les avantages d’une phalange compacte et serrée sous les mêmes drapeaux. Ils ont un cri de ralliement commun, une doctrine commune, et ce langage dogmatique qui exerce toujours sur le vulgaire son influence accoutumée. Leurs principes sont partout proclamés dans les mêmes termes, avec la même précision mathématique, et Quesnay ne dédaigne pas de recourir à des combinaisons spécieuses de chiffres, pour justifier ses aphorismes. Trois pages suffisent pour résumer la science nouvelle comme ils l’appellent, et cependant Mirabeau le père la délaye en deux énormes volumes in-quarto. L’essentiel est qu’elle pénètre partout. Elle est, selon eux, aussi indispensable au roi qu’au plus modeste citoyen. On la répand sous forme de tableaux, d’instructions, de dialogues, de traités, de lettres, d’articles de journaux. Les Éphémérides du citoyen, le Journal d’agriculture, le Journal économique la propagent sans crainte de la censure, tant les économistes sont connus pour amis de l’ordre, au point de lui sacrifier la liberté. La condition du paysan, jusque-là si modeste et si injustement humiliée, s’élève au premier rang des professions les plus honorables. On réclame de toutes parts des communications, et dès lors commence cette fièvre de routes et de canaux