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confié à la terre, à la multiplication des valeurs produites par les procédés de l’industrie et du commerce. Cette malheureuse doctrine du produit net ferma les yeux des économistes sur une infinité de vérités qu’ils auraient déduites de l’observation des faits, s’ils avaient suivi la méthode sévère des écrivains qui leur ont succédé. Mais, dans leur fausse route, ils n’en firent pas moins des découvertes admirables, comme ces alchimistes qui ont trouvé tant de substances utiles en cherchant la pierre philosophale. Nous leur devons même les travaux des hommes qui les ont surpassés, et personne ne doute aujourd’hui qu’Adam Smith lui-même, qui résida quelque temps en France et qui vécut dans l’intimité des économistes, ne leur ait emprunté ses premières connaissances. Il ne parle d’eux qu’avec respect dans ses écrits, et il se proposait de dédier son grand ouvrage sur la Richesse des Nations à Quesnay, si cet économiste eût vécu au moment où il en fit la publication.

« On a souvent accusé les économistes d’une tendance révolutionnaire en voyant l’intimité qui régnait entre ces savans et les philosophes-encyclopédistes. Il ne faut pas oublier, cependant, que Voltaire avait cruellement raillé leurs doctrines sur l’impôt, dans son homme aux quarante écus ; et que Montesquieu avait répondu à leurs manifestes en faveur de la liberté du commerce par un chapitre intitulé : à quelles nations il est désavantageux de faire le commerce. Ce qui est certain, c’est que l’école économiste n’a pas moins contribué que l’école philosophique à la réforme de l’ordre social