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« Nous n’avons pas besoin de dire en quoi les Économistes se trompaient. Leur principale erreur venait de ce qu’ils attribuaient à l’agriculture seule la faculté de créer des produits susceptibles d’accumulation. Les belles analyses d’Adam Smith ont complété, depuis, le catalogue des sources de la richesse, en démontrant que la valeur sociale réelle, c’était la valeur échangeable et qu’il y avait profit pour la société toutes les fois que par le travail on augmentait cette valeur. Le blé serait d’une bien faible utilité si l’on n’en faisait du pain, et le bois n’aurait pas une grande valeur si le menuisier et l’ébéniste ne le transformait pas en meubles. L’expérience a prouvé, même, que l’industrie et le commerce étaient bien plus favorables que l’agriculture à l’accroissement de la valeur échangeable, soit par la division du travail qui s’y adapte mieux, soit par le perfectionnement des machines. Comment les villes seraient-elles devenues le foyer de la richesse et de la civilisation si l’agriculture seule avait le don de créer des valeurs ; et comment expliquerait-on la fortune de Venise et de Gênes, qui n’avaient point de territoire ? N’est-ce pas plutôt qu’au moyen du commerce et des manufactures, un pays peut importer annuellement chez lui une quantité de subsistances beaucoup plus grande que ses propres terres ne pourraient lui en fournir ? La théorie des débouchés, si bien développée depuis les Économistes, par J. B. Say, a mis cette vérité dans tout son jour et dignement achevé ce qu’Adam Smith, notre maître à tous, avait si bien commencé. Mais quelle lu-