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cédait toutefois, au travers d’un monceau de livres. Il pleuvait des écrits sur la circulation, sur le crédit, sur l’industrie, sur la population, sur le luxe ; chacun voulait expliquer la crise dont on sortait, et croyait avoir trouvé, pour sa consolation, le mot de cette énigme. On avait pensé pendant quelque temps que l’argent était la richesse par excellence et qu’en multipliant le papier, qui la représentait, multipliait la richesse elle-même. Mais le renchérissement de toutes choses et la chute du papier avaient dessillé les yeux des plus aveugles, et comme c’est l’usage dans les circonstances semblables, on avait passé de l’engouement à l’aversion, du fanatisme à l’incrédulité. Il n’y avait plus désormais de richesse véritable que la terre, et de revenus assurés que ceux qui émanaient de son sein. C’est de cette réaction qu’est sorti le système agricole, plus connu sous le nom des Économistes ou de Quesnay qui en fut le principal fondateur. C’est aussi le premier système qui ait fait école et qui se soit formulé avec une précision dogmatique assez rare dans les annales de la science. Nous le résumerons avec simplicité, dans les personnes et dans les choses. S’il n’eût-été qu’un exposé de doctrines purement économiques, peut-être n’aurait-il pas obtenu à un si haut degré l’attention des hommes d’État ; mais il se présenta tout d’abord comme l’instrument d’une réforme politique, qui devait faciliter la perception des impots et réparer les maux dont la France était accablée. Il venait après les désastres de Law et les essais un peu rudes de l’abbé Terray