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Semblables aux nobles Patriciens des derniers temps de la république et de l'empire, nous avons abandonné les travaux de l’agriculture, que nous honorons encore dans les livres, mais auxquels nous dédaignions de prendre part. Nous aussi nous avons des intendants, ou tout au moins des fermiers ; nous nous sommes retirés, méprisant le titre honorable de cultivateur, nous avons pris la qualité de propriétaire, de bourgeois, ce qui signifie : homme inoccupé, oisif ; nous avons pris des habitudes et des idées étroites ; nous sommes devenus gros de corps et épais d’esprit, corps et esprit se sont engourdis dans le repos, dans l’inaction.

Qu’est-il arrivé de là, c’est que les chevaliers d’industrie qui font de magnifiques prospectus, promettant des dividendes de 20 pour cent et plus, que les journaux de toutes les couleurs portent ensuite dans tous les coins de la France ; soutirent aux capitalistes des provinces, des sommes considérables, que ceux-ci trouvent honteux ou niais de placer à 3 pour cent, sur des achats de terre ou en améliorations de celles qu'ils possèdent. Et, chose remarquable, ces hommes qui sont des lions avec le sous-préfet de leur arrondissement, le maire ou le garde champêtre de leur commune, sont doux comme des agneaux avec les gérans des entreprises trop souvent mal conçues dans lesquelles ils ont engagé leurs capitaux.

J’appelle toute votre attention sur cette espèce de maladie qui affecte, maintenant surtout, la plupart de nos propriétaires des départemens, et qui fait encore chaque jour de nouveaux progrès.