Page:Blanqui - Cours d’économie industrielle 1837-1838.djvu/306

Cette page a été validée par deux contributeurs.

facturière, qu’ils eussent achetés en échange des bœufs qu’ils nous auraient amenés ?

Voilà pour ce que nous avons perdu par suite du droit sur les bœufs, maintenant qu’y avons-nous gagné ?

Les nourrisseurs de l’Angoumois, du Poitou, du Limousin de la Bretagne, qui n’eussent pas vendu leurs bestiaux aux Alsaciens, aux Flamands, aux Comtois, n’ont certainement rien gagné à ce que ceux-ci se privassent de viande ; quelques grands herbagers de la vallée d’Auge, de Lisieux et de Caen, y ont peut-être trouvé l’occasion de vendre leurs bœufs 10 ou 20 francs plus cher ; mais là s’est borné leur avantage, si toutefois il y a eu avantage pour eux (ce que les termes d’une pétition adressée aux Chambres par les propriétaires de 21 départements nourrisseurs permettent de mettre en doute) ; et la masse des cultivateurs, des petits fermiers, des paysans, y a bien plus perdu comme consommateur, que les 50 ou 60 herbagers normands n’ont pu y gagner comme producteurs.

Parlerai-je du droit sur les chevaux ? eux aussi ont été protégés par un droit de 50 francs : mais qui est-ce qui a profité du droit ? personne. Qui l’a payé ? tout le monde.

Je dis qu’il n’a profité à personne car en effet le fisc, lui-même ne l’a pas reçu ; la contrebande s’est chargée, cette fois comme tant d’autres, d’éluder la loi seulement ici la marchandise a porté le contrebandier, tandis qu’ordinairement c’est le contrebandier qui porte la marchandise. Je dis