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capital de 100 millions, une banque peut émettre pour plus de 100 millions de billets. Cela est vrai quand la banque ne dépasse pas de sages limites ; mais cette faculté de battre monnaie a séduit beaucoup de gouvernements, et il en est résulté de grands inconvénients pour l’industrie et le crédit public. MM. de Sismondi et Thomas Tooke ont signalé tous les sinistres de ce genre qui ont éclaté depuis l’établissement des banques. Trois fois celle de Londres, dirigée par les hommes les plus habiles, et les plus circonspects, a été obligée de recourir à l’appui du gouvernement pour ne pas faire banqueroute ; la banque d’Écosse a manqué ; un grand nombre de banques américaines ont manqué. Or toutes ces faillites ont été le résultat d’une trop grande émission de papier ; et d’une émission sans garantie ; partout où les banques n’ont pas gardé une sage mesure, il leur a été impossible d’éviter le danger.

Le crédit est un bon instrument ; mais il ne faut pas perdre de vue qu’il doit représenter une valeur réelle. Lorsque deux hommes dépourvus de tout tirent l’un sur l’autre, il y a abus et non crédit. Il y a encore abus lorsqu’un filleul tire sur son compère. Mais il y a crédit lorsque deux négociants tirent l’un sur l’autre, et lorsque tous deux offrent des garanties. Il ne faut pas perdre de vue non plus que le crédit ne peut fonctionner, que lorsqu’il a à sa disposition, une certaine masse de capitaux circulants ; c’est là ce que n’ont pas su les fondateurs de la caisse hypothécaire, et ceux qui