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circulation. Deux fois, en France, le même cas s’est présenté, et comme chaque fois on a manqué de prudence et de réserve, on a été fatalement conduit à la banqueroute.

La première fois, c’était pendant la minorité de Louis XV et la régence du duc d’Orléans. Les dissipations et les prodigalités d’un long règne, dont la fin avait été si constamment malheureuse, avaient épuisé les coffres de l’épargne, et tari, par les anticipations, les sources des revenus à venir, comme la guerre avait dévoré les soldats et dépeuplé les campagnes. Plus d’argent au trésor pour payer les armées et soutenir le luxe de la cour ; plus d’argent et plus de bras dans le pays, pour redonner au commerce et à l’industrie l’activité laborieuse sur laquelle se fonde la prospérité publique, et qui, seule, permet de payer les impôts. Tous les moyens, même les plus rigoureux, avaient été employés pour faire de l’argent ; ils étaient demeurés sans résultats, car s’ils avaient diminué les dettes de quelques millions, ils n’avaient pas fait rentrer un sou dans les caisses du trésor ; ils avaient même éloigné les capitalistes ; la foi mentie avait détruit la confiance. Ce fut alors qu’un étranger, un Écossais, Jean Law, fils d’un riche orfèvre-banquier d’Edimbourg, qui était allé étudier la banque en qualité de simple commis, chez le résidant anglais à"Amsterdam, tenta, un moment avec succès, de réédifier le crédit français ébranlé et détruit, de l’inventer même en quelque sorte, car il le faisait reposer sur des bases inconnues jusqu’à lui.