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sieurs classes ont vu leur position devenir de plus en plus moins confortable. Ajoutez que ce qui était jadis regardé comme luxe, est devenu nécessaire, et vous aurez une idée du changement qui s’est opéré dans la partie matérielle de notre société. Ce changement n’est dû qu’à l’augmentation du papier monétaire par le développement du crédit public. En Angleterre, par exemple, il y a en ce moment 1200 millions en monnaie métallique et peut-être 5 ou 6 milliards en papiers de toute espèce, qui font concurrence à l’argent comptant. Parmi les classes qui ont le plus souffert de cette révolution, il faut mettre en premier lieu les rentiers et les employés du gouvernement, dont les salaires sont plus souvent diminués qu’augmentés, à moins qu’on ne parle des hauts fonctionnaires, qui ont des moyens de se faire ménager ; car depuis quinze ans, la Chambre des Députés vise constamment à diminuer le budget. Un procureur du roi gagne aujourd’hui de 1,500 à 2,400 francs. Il n’y a pas de commis qui n’ait un pareil revenu, et cependant sa position sociale n’exige pas les mêmes dépenses. Y a-t-il aussi un poste plus mal rétribué que celui d’officier dans l’armée ? C’est à peine si, avec 1,200 fr. il peut se nourrir et s’habiller. Ces professions ne sont plus abordables aujourd’hui. Pour ce qui regarde les rentiers, je crois qu’il y a un bon côté à cette diminution constante de la fortune. Cela les force à exercer une industrie quelconque et à augmenter leur revenu parle travail. Je vous l’ai dit souvent ; chez nous on se retire avant l’âge fixé par la nature. C’est à 40 ans que l’on entre dans