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Si, quittant l’Europe, nous voulions continuer nos recherches historiques sur les principales révolutions monétaires du monde, nous verrions le pays de l’or, le Brésil, épuisé lui-même par l’avidité de ses dominateurs, manquer à son tour de ce précieux métal, et, contraint de le suppléer, non, comme en France et en Angleterre, par les effets de crédit, mais par de la monnaie de convention, du billon, qui altéra son crédit comme une falsification de monnaie, puisque l’alliage dont se compose le billon n’est guère à l’argent que :: 1 : 80, et fait baisser considérablement les changes pour ce pays, parce qu’au lieu d’y être payé en bonne monnaie, on est exposé à ne recevoir, en billon, qu’une partie de la valeur réelle des traites dont on est porteur. La France aussi avait, à l’époque de sa révolution, recourru à cette ressource extrême du billon, et avait inondé la circulation de cette déplorable monnaie, si facile à contrefaire ; ce dont les faux-monnayeurs anglais ne se firent pas faute, semblables en cela, à ceux qui, quelques années auparavant, avaient triplé la masse de billon, émise par un roi de Sardaigne, fraude dont on s’aperçut lorsqu’un prince de ce pays, voulant, en 1787, faire disparaître cette monnaie, il se présenta au remboursement trois fois plus de billon qu’il n’en avait été frappé par le gouvernement.

Nous trouvant ainsi ramenés à la question de fabrication des monnaies, je vous en dirai quelques mots, et terminerai par l’examen du projet que le gouvernement belge a formé de bouleverser son système monétaire, projet dont je vous ai précédemment entretenu.