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seurs, il fallut décréter que la monnaie, de métal à une époque et de papier à l’autre, aurait un cours obligatoire et forcé. Dans le même temps, l’Angleterre se vit réduite à la même extrémité ; elle aussi abusa de la propriété que les billets de crédit ont de pouvoir servir aux échanges comme les métaux précieux, et elle dépassa les limites d’une sage émission, en faisant servir les billets de la banque de Londres à solder des troupes et des employés, au lieu de ne les employer qu’à des opérations de commerce. Ces billets, à peine sortis des presses de la Banque, vinrent se représenter en masse au remboursement, ce qui rendit la réserve du tiers en espèces insuffisante ; et comme le gouvernement, auquel ces avances étaient faites pour susciter et soutenir la guerre contre nous, abusait de sa position pour forcer les émissions, la Banque se vit bientôt dans l’impossibilité de rembourser tous ses billets. Le ministre Pitt, qui avait entraîné le directeur de la Banque dans cette fausse opération, promit alors et obtint du parlement un bill qui autorisait la Banque d’Angleterre à suspendre les paiements en espèce. Il en résulta immédiatement une dépréciation du papier, qui toutefois n’alla pas trop loin, parce que l’on se hâta d’arrêter les émissions ; mais il en arriva toujours que le prix de toutes les choses augmenta, que les propriétaires, qui payaient tout plus cher, exigèrent de leurs fermiers des baux plus élevés parce qu’ils vendaient leurs denrées à un prix nominalement plus fort. De leur côté, tous les salariés du gouvernement, les employés, les