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défaut d’argent, le manque de capitaux, la disette de métaux précieux de monnaie : nous avons vu ce qui avait rapport aux capitaux ; il nous reste à étudier ce qui a rapport à la monnaie.

Le numéraire ne servant ni à la nourriture de l’homme ni à son entretien, ni à rien de ce qu’il consomme pour son usage, il faut chercher ailleurs la raison de l’importance qu’on lui accorde et de l’intérêt qu’on attache à en posséder la plus grande quantité possible. Nous trouvons bien, dans l’histoire, que quelques peuples ont vécu heureux, et ont atteint un certain degré de puissance sans lui ; mais ces exemples, sont excessivement rares, tandis que le nombre des pays où l’on remarque l’emploi des monnaies est incalculable ; on en retrouve des traces partout et à toutes les époques. Ceux mêmes qui, comme les Lacédemoniens, proscrivent les métaux précieux et les accusent de corruption, reconnaissent cependant l’utilité, la nécessité de la monnaie, seulement ils en bornent l’emploi aux petites transactions, aux usages journaliers ; et ils l’établissent en lingots de fer d’un grand poids, afin, que leur incommodité prévienne le désir de l’accumulation.

La monnaie est cette marchandise intermédiaire qui facilite la production et la circulation de toutes les autres ; c’est là son caractère spécial, celui qu’elle possède seule et qui la distingue des autres marchandises. S’il pouvait exister un pays civilisé et industriel d’une certaine étendue, et comptant une population nombreuse, où il n’y eût pas de monnaie, il arriverait fréquemment, dans ce pays,