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mathématiciens à celles de garçons de salle et de portiers. Et, en cela, ils outrepassaient les doctrines du maître, qui honorait le travail manuel mais plaçait au-dessus la coopération de l’intelligence. Qu’arriva-t-il de tous ces essais, qui n’eussent pas été tentés de cette manière si St-Simon eût vécu ? c’est qu’après une retraite de quelques mois à la maison de Ménilmontant, les membres se séparèrent, pour rentrer la plupart dans la vie réelle qu’ils n’auraient pas dû quitter ; les uns reprirent la direction des travaux publics, d’autres allèrent étudier les progrès des autres peuples et nous rapportèrent les résultats de leurs observations.

En même temps que les St-Simoniens, et même avant eux, M. Fourier est venu, et s’est dit que les choses ne devaient pas rester comme elles étaient ; que les travailleurs ne devaient pas épuiser leurs forces et détruire leur intelligence par un travail de quinze heures par jour, dont le produit suffisait à peine pour leur fournir des aliments nécessaires à leur conservation. Absorbé dans une immense utopie, il chercha à enlever au travail ce qu’il avait de pénible, en en faisant cesser la continuité et en le rendant attrayant. Il conçut alors le plan d’une organisation sociale dans laquelle les habitants d’un pays, divisés en phalanges de 300 à 400 familles, dont les logements, groupés autour d’une usine commune, prise pour centre, communiquent tous entr’eux par des galeries couvertes ; des tuyaux distribuent la chaleur et l’eau chaude dans chaque ménage ; une cuisine commune apprête des mets appropriés