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ferment 108 000 individus, et coûtent, année moyenne, 13 000 000 de francs. Supposez que depuis 10 ans on ait pu trouver les moyens d’opérer une réforme morale qui eût diminué de moitié le nombre des détenus, et que, les dépenses se bornant à 8 000 000, on eût économisé 5 000 000 par an soit 50 000 000 pendant 10 ans, voyez quelle masse de travaux utiles eût été entreprise combien d’honnêtes gens qui sont restées sans ouvrage eussent pu être occupées ? Cette question, envisagée ainsi est de la plus haute importance, et son examen nous revenait de droit, car elle est toute économique. La parcimonieuse lésinerie qui a présidé long-temps et préside même encore aujourd’hui aux dépenses qui concernent l’instruction publique (800 000 francs sous la Restauration et 3 millions maintenant), est responsable des énormes sacrifices que nous imposent nos prisons. Les sept huitièmes des condamnés ne savent pas lire ou ne le savent qu’imparfaitement. Ils sont 108 000, et il y en a parmi eux 10 500 qui n’ont pas 20 ans ; les trois quarts de ceux-ci sont des enfants trouvés ou abandonnés élevés par les hospices, et qui ont à peine reçu les éléments de l’instruction la plus commune[1].

  1. « Avant la révolution, » dit M. Benoiston de Chateauneuf, « Ils (les enfants) étaient ouvriers ou soldats ; sous la terreur, ils devinrent les enfants de la patrie, et l’on pense bien que tous ceux qui avaient l’âge furent aussitôt appelés à défendre leur mère. Plus tard, un décret du gouvernement impérial les répartit dans les différents corps de la garde, ou les envoya sur les vaisseaux : c’était abuser de leur malheur. La restauration leur a rendu la liberté de choisir un état, mais du reste, on ne va point au-delà : l’éducation la plus commune est donnée à tous